Ils sont chauves, laids, joufflus, les traits gras et grossiers comme ceux que George Grosz peignit pour représenter dès 1918 le prolétariat allemand. Les mines blafardes, déformées par la monstruosité nous apparaissent comme d'épouvantables miroirs. Lorsque l'on regarde ces personnages peints par Mary Pujo, jeune artiste toulousaine, nous ne pouvons que songer à Ron Mueck, chauve et adipeux, attendant, mélancolique que passe les heures. Ici, mélas chôlan n'est guère à sa place : la violence esthétique de l'oeuvre de Mary Pujo prend ses sources auprès de Francis Bacon et de Jean Roustaing. Relents expressionnistes, même l'image de l'enfance s'engonce dans une palette absconse. L'enfant devient un monstre humanoïde dont la grosse tête repose sur un corps frêle. Il joue en couche-culotte, son habit arbore la mention « Wild Child » et plutôt que de vouloir sauver cet être étrange, Mary Pujo nous force à le détester. Ses personnages agissent comme des miroirs. Ils sont la transposition de ce que l'on est, pas la reproduction de ce que l'on est déjà. L'artiste emprunte à ce discours expressionniste les éléments du collage typiquement dadaïste : les mots font partie intégrante du récit latent contenu dans ses tableaux et confèrent à l'ensemble une identité surréaliste et malsaine. On peut retrouver dans les toiles de Mary Pujo l'influence de l'artiste britannique Jenny Savill :   utilisation de couleurs au service de corps déformé, loin du prisme de notre propre réalité. Mary Pujo nous invite à l'image de Jenny Savill à découvrir des êtres mi hommes, mi femmes, non pas androgynes mais correspondant à une vision particulière de l'endocarpe humaine, enlaidie. La force des œuvres de Mary Pujo se concentre dans cet antagonisme, cette ambivalence de sentiments et d'approches. Suscitant à la fois le rejet, le dégout et la fascination, la beauté jaillit de l'étrange faisant appel à l'ouverture d 'esprit du public, trop accoutumé à la bienséance et à une notion de « beau » constituée par les canons classique.

L'artiste nous invite à une véritable introspection, mettant le doigt sur notre laideur, sur ce que l'Homme à ancré au plus profond de lui. Espérons à présent que Mary Pujo continuera cette exploration mystérieuse aux confins de l'être et de l'âme humaine.











Pour contacter l'artiste  : marypujo@hotmail.fr

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